Le coeur de l'Etat est d'uranium

Publié le par JCML

 

Le cœur de l'Etat est d'uranium !

 

 

Les élections présidentielles approchant, on ne peut que remarquer l'unanimité de la plupart des candidats concernant le nucléaire. On se rappelle également les piteuses négociations entre les Verts et le PS. Qu'est ce qui fait que le nucléaire crée une aussi belle unité ?

 

Le nucléaire est un choix guidé par la recherche du profit

 

Le nucléaire, en France, permettrait la production d'électricité à bas coût et d'assurer notre confort. Le confort dont nous jouissons, nous, ouvrier-ères, employé-e-s, jeunes de classes populaires de France ne consomme pas grand chose en rapport à la production industrielle (en 2006, la consommation industrielle était de 434 Twh contre 69 pour les ménages).

 

Le choix d'avoir développé un parc nucléaire assurant les trois quart de la production d'électricité en France n'est donc absolument pas guidé par la recherche de la satisfaction de nos besoins. L'une des fonctions de l'Etat est d'assurer que la production industrielle puisse se faire. Non pas, encore une fois, pour satisfaire nos besoins, mais pour que ceux qui détiennent cette industrie puissent continuer à en tirer des profits. En exploitant notre travail, d'ailleurs.

 

Le secteur de l'énergie est stratégique pour l'Etat et pour les capitalistes. Le nucléaire, qui a quasi monopole sur la production d'électricité, se retrouve donc comme un élément proche du cœur même de l'appareil d'Etat.

 

Le nucléaire n'est pas un « service public »

 

Que les centrales soient gérées par une entreprise publique ne doit pas nous rassurer. Un monopole d'Etat comme EDF est lié aux monopoles privés. Le CV de Proglio, à la tête d'EDF, en est un parfait exemple. Tout le monde le sait très lié à Veolia, mais il est aussi membre du CA de Natixis (Banque) et de Dassault Industrie (armement). Areva, privée, est également un acteur majeur du nucléaire en France (fabrication de combustible, traitement des déchets, développement des centrales). A EDF d'assurer les activités à faible valeur ajoutée, au privé de se gaver.

Ce n'est pas parce qu'une entreprise appartient à l'Etat qu'elle ne recherche pas le profit. EDF n'hésite pas à rogner sur la maintenance des centrales et a tout sauf envie d'assumer le coût du démantèlement des centrales vieillissantes. EDF a recours à une pléthore d'entreprises privées afin d'alléger le coût de la main d’œuvre. Ces ouvrier-ères sont en première ligne et sont exposé-e-s à des risques réels. En 2008, à St Alban, 15 travailleur-euse-s d'une entreprise extérieure ont été irradié-e-s.

Balayons toute illusion comme quoi le nucléaire, entre les mains de l'Etat, serait entre de bonnes mains. Henri Proglio est par exemple très lié à l'homme d'affaire mafieux Alexandre Djouhri. Celui-ci intervient directement auprès d'Areva et d'EDF. Public, privé, hommes d'affaires douteux... Quel cocktail ! Il ne manque que les services secrets !

 

Une société nucléaire, une société sécuritaire

 

Or, bien sûr, ceux-ci sont de la partie. Une société nucléaire, c'est une société qui cultive le secret d'Etat au nom de la sécurité nationale. Le sceau du secret d'Etat permet à tout de ce beau monde de magouiller discrètement, de mener une diplomatie secrète, une politique industrielle qui a des incidences importantes sur nos vies, en toute opacité.

La sûreté d’État lui permet de cultiver le secret, mais nous, nous devrions être transparent-e-s ! Au prétexte de nous protéger du risque nucléaire, nous devrions être prêt-e-s à accepter de vivre dans une société ultra-sécuritaire. L'espionnage industriel et le risque terroriste légitiment que l'Etat et les entreprises privées puissent tout connaître de nous. Le risque terroriste est un prétexte pour nous faire accepter que l'armée soit prête à intervenir sur le sol français. Un pauvre ULM a le malheur de passer sur une zone interdite parce que nucléarisée, immédiatement les Rafales rappliquent.

 

Un des fers de lance de l'influence (néfaste) française sur le monde

 

Stratégique pour le contrôle des populations et le dégagement de profits pour les capitalistes sur le territoire français, le nucléaire est aussi stratégique pour l'influence de la France au niveau mondial.

La France est un pays impérialiste : elle a les moyens d'assurer des débouchés pour sa production et sa domination sur d'autres pays. Cela permet de rapporter aux capitalistes français encore plus de profits.

 

Le savoir faire nucléaire français est exporté partout dans le monde. La France cherche à s'assurer un monopole sur l'énergie nucléaire dans le monde. Outre de l'argent, cela lui permet aussi d'entretenir de bonnes relations avec les pays émergents. Très présente aux USA, Areva a remporté de nombreux marchés en Chine. L'entreprise Decote, par exemple, à Feyzin, exporte des électrovannes pour des réacteurs au Mox actuellement construits en Chine. Areva cherche également à obtenir des marchés en Inde.

 

Là encore, c'est le secret qui règne dans les négociations.

 

L'indépendance énergétique ? Non ! Le pillage et la guerre !

 

Nos capitalistes ne se mobilisent pas que pour (essayer) de vendre du nucléaire au monde entier. Le nucléaire a une autre incidence sur la politique internationale de la France.

On nous rabâche à longueur de temps que le nucléaire permet l'indépendance énergétique de la France. Or, il n'y pas de mines d'uranium en France, cela ce saurait. D'où vient la matière première transformée en France en combustible (à Romans, par exemple) ?

On entend de temps en temps parler de cadres d'Areva enlevés au Niger. Qu'est ce qu'ils font au Niger, ça on ne nous l'explique jamais. Areva exploite au Niger des mines d'Uranium. Bien entendu, à part quelques politiciens corrompus, les peuples du Niger ne reçoivent rien en échange. Ou si : un paquet de radiations. Les conditions de travail dans les mines sont exécrables.

Les enlèvements de cadres d'Areva sont, une fois ce cadre posé, tout à fait logiques. Pour assurer la sécurité du pillage français sur place, l’État déploie sa force armée au Niger. Le nucléaire nous mène à la guerre et à l'écrasement de la colère légitime de peuples. La France est peut être énergétiquement indépendante des autres pays dominants, mais les peuples d'autres pays le payent de leur sang.

 

La recherche du profit fait fi de la pollution et des risques

 

Le nucléaire français tue donc déjà. Nous n'avons aucun intérêt à accepter cela, parce que nous ne saurions être libres en opprimant et en surexploitant d'autres peuples.

 

Mais nous sommes aussi menacés directement par le nucléaire. Risques liés aux sécheresses, aux crues, aux tempêtes, aux accidents industriels (plusieurs centrales se trouvent en zone SEVEZO, comme celle de St Alban), à la vétusté. Les accidents ne sont pas rares : au mois de Février dernier, une opération de maintenance à St Alban a causé des fuites de liquide irradié.

Les exercices simulant des accidents sont toujours de vastes échecs (les deux derniers à St Alban ont révélé une incapacité de la part des pouvoirs publics à gérer ce danger).

A vrai dire, ceux qui dirigent l'Etat et ceux qui nous exploitent au travail n'en ont rien à faire de notre sécurité. Ils n'en ont rien à faire de laisser sur les bras des générations suivantes des tonnes de déchets irréductibles et hautement radioactifs.

 

La question du nucléaire souligne que la faillite du capitalisme. Chaque capitaliste recherchant le profit, toutes les infrastructures qu'ils développent sont au service de cet objectif. Même si cela doit mettre en danger des populations et pourrir la planète. Seule compte la recherche du profit immédiat, et après moi le déluge.

 

Cependant, la question du nucléaire doit être mise en perspective. Le caractère stratégique de la production énergétique, les contraintes liées aux autres sources énergétiques, les besoins en matériaux spéciaux qui ne se trouvent pas en France, tout tend à ce qu'un « remplacement » d'une source énergétique pose les mêmes problèmes. Et ce, tant que la loi du profit régnera. La solution n'est pas qu'un remplacement, c'est avant tout la destruction de notre impérialisme et le remplacement du capitalisme.

 

Nous, ouvrier-ères, travailleur-euse-s, classes populaires, n'avons rien à gagner dans la manière dont est gérée la production énergétique en France. Nous avons intérêt à une société transparente, où chacun-e pourra se saisir et décider collectivement de la façon dont nous voulons développer nos infrastructures et notre économie. Mais pour cela, se débarrasser de ceux qui œuvrent dans notre dos, l’État et les bourgeois, et de leur système, le capitalisme, est nécessaire.

 

Le ROCML (Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes Léninistes 69) – jcmlrhone@yahoo.fr – jcml69.over-blog.com

Solidarité avec

les peuples du Japon

 

1 an après le séisme ayant ravagé le Japon et gravement endommagé la centrale de Fukushima, nous tenons d'abord à exprimer notre solidarité avec le peuple japonais.

 

Nous pensons à celles et ceux qui n'ont été ni indemnisé-e-s ni relogé-e-s, à celles et ceux qui sont obligé-e-s de vivre dans un environnement empoisonné à long terme, aux ouvrier-ère-s qui ont été exposé-e-s à un fort taux de radiation dans les travaux pour tenter de contenir l'accident.

 

Publié dans Luttes ouvrières

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